Toespraak voorzitter Jose Manuel Durão Barroso bij de plechtige opening van de Ortoli-zaal (fr)

Met dank overgenomen van Europese Commissie (EC) i, gepubliceerd op woensdag 27 oktober 2010.

Excellences,

Madame,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Nous sommes réunis aujourd'hui pour rendre hommage à un grand Français et un grand européen, François-Xavier Ortoli i, qui a marqué pour longtemps la Commission européenne de son empreinte. Je tiens à saluer chaleureusement son épouse et les membres de sa famille qui sont présents parmi nous aujourd'hui. Je salue aussi certains de ses "compagnons de route", et en particulier Etienne Davignon et Yves-Thibault de Silguy i, qui ont tenu à participer à cet hommage.

François-Xavier Ortoli était d'abord un homme d'engagement et de conviction. Il a mis une intelligence et un talent politique unanimement reconnus au service de l'idéal européen dès l'origine. Depuis les travaux préparatoires du traité de Rome, auxquels il a participé, il est toujours resté d'une fidélité absolue à cet idéal.

François-Xavier Ortoli a eu une brillante carrière, notamment ministérielle, en France. Mais c'est surtout en Europe, où sa carrière a été tout aussi brillante, qu'il a pu pleinement donner corps à ses convictions et ses idéaux. En 1958, il devient le premier directeur général du marché intérieur, un poste stratégique qu'il occupe à 33 ans. Quelques années plus tard, il est appelé à présider la première Commission européenne dans une Communauté élargie à 9 États membres. Il devient ensuite vice-président de cette institution, chargé des affaires économiques et financières, poste où il posera les premiers jalons de ce qui est aujourd'hui l'union économique et monétaire.

Cet homme toujours soucieux de l'intérêt général a trouvé dans la Commission européenne l'institution qui alliait à cette vision ambitieuse d'un intérêt général européen - au-delà des intérêts particuliers de tel ou tel Etat membre - la construction d'un projet politique inédit où tout était à inventer.

Permettez-moi de rappeler en quelques mots le contexte dans lequel François-Xavier Ortoli a exercé ses deux mandats successifs. Souvenez-vous: sur fond de turbulences monétaires, le choc pétrolier de 1973 plonge l'Europe et le monde dans la première grande crise économique de l'après-guerre. Sur le plan politique européen, les évolutions sont aussi importantes: la Communauté, en plein essor, connaît son premier élargissement, en passant de six à neuf Etats membres; une nouvelle institution entre en scène, le Conseil européen, tandis que le Parlement européen se voit renforcé par l'élection au suffrage universel.

Au cœur de ces évolutions, François-Xavier Ortoli fait avancer avec détermination des chantiers politiques qui, aujourd'hui encore, restent fondamentaux pour la construction européenne.

Je pense à la création des fonds structurels dans le cadre de la politique de cohésion. Je pense à la définition d'une véritable politique de développement, avec la première convention de Lomé, signée en 1975. Je pense à l'amorce d'une politique méditerranéenne et de relations avec l'Amérique latine et l'Asie. Au fond, François-Xavier Ortoli a contribué à la mise en place des fondements de notre action extérieure qui font référence encore aujourd'hui.

Comment ne pas voir non plus la continuité entre nos débats d'aujourd'hui et ceux d'hier, lorsqu'on se penche sur les autres domaines politiques clés dans lesquels l'action patiente et tenace de François-Xavier Ortoli a permis de faire des avancées considérables:

  • la construction de l'union économique et monétaire,
  • l'ébauche d'une nouvelle coordination des politiques économiques entre les Etats membres, sur la base des recommandations de la Commission,
  • et l'impulsion donnée à l'idée d'une politique commune de l'énergie.

À quelques décennies d'intervalle, les premiers jalons de ces politiques demeurent une référence. François-Xavier Ortoli, par la force de sa conviction et de son engagement, nous a ouvert la voie dans bien des domaines.

La Commission européenne, dont il défendait ardemment et brillamment le rôle, reste le moteur du projet européen. Elle reste l'interlocuteur privilégié de tous les États membres - anciens et récents, grands et petits, riches et moins riches. Elle maintient le cap de l'intérêt général européen. Elle est le porte-voix de la méthode communautaire. Elle assume pleinement son pouvoir d'initiative pour faire avancer la construction européenne avec pragmatisme. Elle assume avec vigilance sa responsabilité première, qui est de défendre le projet européen, dans le respect de la lettre et de l'esprit des traités.

Chers amis,

J'ai eu l'immense plaisir de rencontrer pour la première fois François-Xavier Ortoli lors d'une cérémonie organisée dans ces murs en 2005, en présence d'autres anciens présidents de la Commission européenne, Jacques Delors et Romano Prodi. Je venais d'entamer mon premier mandat. J'étais très désireux d'entendre ses avis éclairés. François-Xavier Ortoli m'a impressionné par la profondeur de ses analyses, par sa fraîcheur d'esprit et par l'intelligence de sa vision de l'Europe. Nous avons aussi beaucoup parlé de culture, une passion partagée. Quelque temps après cette rencontre, d'ailleurs, il m'a fait parvenir un cadeau. Ce n'était pas un ouvrage sur le marché intérieur ou la politique énergétique … mais une anthologie de la poésie française!

Pour conclure, je voudrais dire que c'est un honneur pour moi de m'inscrire dans les pas d'un prédécesseur aussi illustre que François-Xavier Ortoli. Et c'est à lui que je laisse le mot de la fin :

"Il en est du combat européen comme de tous les combats. Il ne se gagnera pas sans passion. Mais il ne se gagnera pas non plus sans cette fameuse volonté politique qui, après tout, n'est que le nom pompeux pour la ténacité de tous les jours".

Passion, volonté politique et ténacité - c'est dans cet état d'esprit que François-Xavier Ortoli a prolongé l'œuvre des pères fondateurs et apporté sa pierre à l'édifice européen. Son action est une source d'inspiration pour tous ceux qui aiment l'Europe et qui veulent la voir avancer un peu plus chaque jour. Nous tous, Européens, devons continuer à faire vivre ce qu'il nous a laissé en partage, sa vision d'une Europe transcendant les intérêts particuliers au service d'un intérêt général européen commun.

Merci.